Pourquoi à Paris le fondateur de la république islamiquea-t-il insisté sur le fait qu’il ne retourne pas en Iran afin de diriger les opérations ? Quelles étaient les circonstances qui l’avaient poussé à résider à Téhéran et à prendre les commandes des affaires ?
Réponse :
Il existe à cet égard plusieurs interviews dont la plus courte et la plus explicite a été effectuée le 10 novembre 1978 par un groupe de journalistes de nationalité italienne, espagnole et française. Les questions et réponses dans cette interview étaient précisément comme suit :
Q. Est-ce qu’après la victoire de la révolution islamique et le retour en Iran, l’Ayatollah compte-t-il prendre les rênes du pouvoir et accepter officiellement des responsabilités dans le gouvernement ou non ?
R. « Non, nous avons la responsabilité d’orienter et de guider. Il ne nous est pas possible d’exercer une autre activité. » (Sahifeh imam, vol.4, p. 431).
Dans la tradition des politiciens être à la tête du gouvernement ou accepter des responsabilités au sein du gouvernement au plus haut niveau, signifie accepter la présidence qui est un statut purement solennel et officiel. Donc, il était tout à fait naturel et clair que l’Imam Khomeiny (paix à son âme) n’allait pas accepter une telle responsabilité et c’est pourquoi dans la réponse à cette question, il a dit : « Nous avons la responsabilité d’orienter et de guider ». En répondant à d’autres questions, jamais l’Imam n’a mentionné qu’il refuserait aussi les responsabilités de leader, bien qu’il n’ait pas aimé être appelé le leader et se considérait plus comme un guide et comme un conseiller. À l’exemple du 26 novembre 1978, où en répondant à un journaliste danois, il a utilisé le mot guide (orienteur) à la place de leader.
Q. M. l’Ayatollah, on accorde toujours un respect aux personnes âgées. Dites-nous quel rôle jouerez-vous dans le futur gouvernement iranien ? Selon vous, qui devrait être le leader du nouveau gouvernement ?
R. Nous avons des personnes qui sont à la hauteur de diriger le futur gouvernement et nous allons les présenter dans un futur proche. Ce n’est pas ce que les rumeurs évoquent : si Shah s’en va, un vide s’installera. En fait, je n’ai pas la faculté d’intervenir directement dans les affaires. Lorsque le gouvernement sera formé, j’aurai la responsabilité de guider, d’orienter et de conseiller ». (Sahifeh-ye Imam, vol.5, p.122).
Le 31 décembre 1978 aussi, Claude Challet, le représentant spécial de l’Élysée, et Jacques Robert, Le directeur général de la politique étrangère et le responsable en charge des affaires du moyen orient et de l’Iran et le président des affaires consulaires au ministère français des affaires étrangères, ont rendu visite à l’Imam et avaient échangé avec lui sur certains sujets. Une partie de leurs discussions se présente comme suit :
Jacques Robert : « Nous supposons que Shah est parti, est-ce que dans de telles conditions, ceux qui prendront en main le pouvoir lors de la phase de transition jusqu’aux élections, seront des religieux ou ceux qui seront approuvés par les religieux ? »
Imam : Le pouvoir sera dans les mains de ceux que nous allons désigner et de ceux qu’un conseil va désigner. » (Sahifeh-ye Imam, vol.5, p.311).
Ainsi, s’il est dit que l’Imam après la victoire de la révolution islamique a accepté d’une certaine manière des responsabilités au sein du gouvernement contrairement à ce qu’il avait dit en France, alors cela ne sera que par pure négligence. Pendant les 116 jours passés en France, l’Imam a été traité comme le leader de la révolution islamique dans les propos des journalistes plus de 150 fois. L’approbation de son leadership par la population était un fait naturel et bien évident. C’est tout à fait contraire à la raison et aux mœurs que le leader d’une révolution abandonne et se résigne avant de conduire la révolution jusqu’au bout. Oui, si le leadership se transforme en une institution, alors dans ce cas, les mécanismes de sa sélection et de son élection seront également prévus et après la sélection naturelle, le leadership des prochains sera considéré comme officiel d’après ce qui est mentionné dans la constitution de la république islamique d’Iran.
Les points de vue politique et éthique de l'Imam Khomeini