Après deux ans d'une guerre sanglante et dévastatrice dans la bande de Gaza, le Mouvement de la Résistance Islamique Palestinienne (Hamas) a finalement, le 3 octobre 2025 (correspondant au 11 Mehr 1404), accepté en réponse au plan de cessez-le-feu de Trump, d'arrêter complètement la guerre, d'échanger les prisonniers et d'administrer Gaza de manière indépendante. La mise en œuvre de cet accord a commencé par l'échange de prisonniers entre le Hamas et le régime israélien à partir du lundi 21 Mehr. Bien que la concrétisation de ce cessez-le-feu et du plan de paix proposé pour Gaza, en raison de l'arrêt des effusions de sang, des destructions et de la réduction de la souffrance des habitants de Gaza, ait provoqué beaucoup de joie et d'optimisme parmi le peuple palestinien et dans l'opinion publique mondiale, on ne peut ignorer que le cessez-le-feu à Gaza est bien plus une nécessité humanitaire vitale pour le peuple sans défense de Gaza, qui doit se poursuivre sans conditions, qu'une victoire complète pour la résistance ou un pas vers une paix durable.
Cependant, au-delà de cette nécessité, des projets politiques cachés sont en cours d'exécution, qui risquent de raviver l'agenda du gouvernement Trump pour la « gestion du Moyen-Orient ». Ce plan aura des effets stratégiques et à long terme sur la configuration politique de la région et, en particulier, sous ses couches apparentes, on discerne des signes d'un retour aux projets inachevés du gouvernement de Donald Trump, notamment « l'Accord du Siècle » et les « Accords d'Abraham ».
L'approche passée et actuelle de l'administration de Donald Trump, qui propose ce plan de paix, montre qu'elle n'est pas favorable à la formation d'un État palestinien indépendant ni au retour des réfugiés palestiniens sur leurs terres, ce qui pourrait affaiblir la position du régime israélien. En effet, dans les clauses du plan de paix de Trump, cette question n'est évoquée que comme « un espoir pour un avenir incertain » : « Si les conditions de mise en œuvre du cessez-le-feu progressent favorablement, les circonstances pourraient enfin être réunies pour parvenir à une solution visant à former un gouvernement palestinien et à permettre aux populations de déterminer leur propre destin » ! Sur cette base, l'objectif principal du plan de paix actuel, qui inclut des aspects tels que la gestion des frontières, la reconstruction et le contrôle sécuritaire de Gaza, ne semble pas être la création d'un État palestinien indépendant, mais plutôt la consolidation de la souveraineté israélienne sur la région, la garantie de sa sécurité et l'affaiblissement structurel de la résistance. En d'autres termes, ce plan est une version amendée de « l'Accord du Siècle » qui tente de réduire l'idéal du peuple palestinien à une « simple question humanitaire et économique ».
D'un autre côté, Trump a souligné que l'un des objectifs de son plan est de fournir des mécanismes pour garantir la coexistence et la sécurité collective dans la région. Dans cette optique, il semble chercher à créer des conditions permettant aux groupes palestiniens et à Israël de parvenir à un accord. En effaçant la problématique du conflit israélo-palestinien, il ne resterait plus de prétexte pour une confrontation entre le monde arabe et ce régime, achevant ainsi la chaîne de normalisation des relations (en particulier de l'Arabie Saoudite) et la mise en œuvre opérationnelle des Accords d'Abraham, sous la direction et le pilotage des États-Unis. Par conséquent, le plan de paix de Trump signifie l'entrée dans une nouvelle phase d'ingénierie régionale qui, en cas de passivité ou de réaction purement idéologique de l'Iran, pourrait entraîner un changement permanent de l'équilibre des forces en faveur de la coalition américano-israélo-arabe, et placer l'Iran dans une position d'isolement dans une région qui devrait être au centre de son influence. Sur cette base, l'intérêt national de l'Iran exige d'adopter une approche mesurée et logique face à ce plan.
En d'autres termes, pour la République islamique d'Iran, qui a toujours déclaré respecter le vote et l'opinion des Palestiniens concernant leur propre destin, le moment est venu de transformer ce slogan en stratégie et, en passant à une diplomatie réaliste, d'adopter des approches pour sortir de la passivité et préserver la place de l'Iran dans les équations régionales. Ces solutions pourraient reposer sur les piliers suivants :
1. Participation active aux réunions de paix internationales
La gestion des enjeux régionaux et la jouissance d'un rôle approprié dans la détermination de l'orientation de l'ordre régional futur ne sont possibles ni par la confrontation ni par l'absence aux réunions de paix, mais plutôt par une participation active aux tables de négociations. L'Iran, au lieu d'adopter une position purement négative contre les projets présentés par les États-Unis et d'autres pays, doit avoir une présence proactive dans les réunions régionales et s'efforcer de garantir au maximum les intérêts nationaux du pays en proposant des projets alternatifs et opérationnels, ou en amendant et modifiant les projets des autres. Ces propositions doivent inclure des solutions politiques justes pour la Palestine (préservation des principes) ainsi que des mécanismes de coopération économique (tels que des corridors de transit), afin que Téhéran devienne un partenaire essentiel pour la stabilité et le développement de sa région. Ainsi, elle pourra restaurer la confiance régionale et remplacer l'isolement politique par une influence constructive.
2. Renforcement du capital social et consolidation du consensus national
Dans le contexte régional actuel et pour préserver la sécurité et renforcer la position internationale du pays, la République islamique d'Iran doit, en comprenant la réalité que la puissance extérieure émane de la puissance intérieure, concentrer sa stratégie sur le renforcement du capital social et la consolidation du consensus national. Cet objectif crucial peut être atteint en recourant directement à l'opinion du peuple sur les questions sensibles et clés, en améliorant la qualité de la gouvernance, en garantissant une transparence maximale et en luttant institutionnellement contre la corruption (méritocratie et résolution des conflits d'intérêts), ce qui mènera directement à une confiance publique et à une satisfaction citoyenne accrues. Dans ce processus, la télévision d'État, en tant que média national, a un rôle vital à jouer : avec une approche indépendante, elle doit refléter la diversité des voix et des points de vue des différentes ethnies, groupes et couches sociales, afin que les gens se sentent visibles et se considèrent comme faisant partie du processus décisionnel. Ce média doit éviter le parti pris unilatéral et produire un contenu porteur d'espoir et axé sur le dialogue, afin d'aider à élever la culture politique et de renforcer la cohésion nationale. Car l'harmonie interne et un capital social élevé sont le bouclier le plus solide contre les pressions extérieures et le meilleur soutien pour une diplomatie iranienne active et digne sur la scène internationale.
3. Séparation des dossiers régionaux
Pour préserver la sécurité et renforcer la position internationale du pays dans la situation actuelle, l'Iran doit adopter une politique étrangère active, proactive et interactive, basée sur un réalisme pragmatique et la priorisation des intérêts nationaux. Cette approche nécessite que l'Iran, en distinguant clairement les différents dossiers régionaux, empêche la paralysie de l'ensemble de l'appareil de politique étrangère et de l'économie du pays à cause d'une crise régionale particulière. Dans cette optique, l'appareil diplomatique iranien doit pouvoir, tout en insistant sur ses principes de soutien à la cause palestinienne, progresser dans d'autres domaines (tels que la levée des sanctions et la coopération régionale). En réalité, la crise de Gaza ne doit pas devenir un « levier de veto » pour d'autres objectifs de politique étrangère, et particulièrement pour les intérêts économiques nationaux.
4. Utilisation d'outils internationaux légitimes
La République islamique d'Iran doit, pour préserver et promouvoir ses valeurs telles que la défense du peuple palestinien, concentrer ses efforts sur les mécanismes du droit international et les organisations telles que les Nations Unies, les organisations de défense des droits de l'homme et les cours internationales. L'objectif est d'exercer une pression sur le régime israélien pour qu'il réponde des crimes de guerre, respecte le cessez-le-feu, cesse la colonisation et les violations des droits de l'homme. Il s'agit d'une approche politique et juridique à faible coût qui, tout en atteignant les objectifs de l'Iran, bénéficie également d'une plus grande légitimité et acceptabilité sur la scène internationale.
5. Priorité aux intérêts économiques et au développement interne
La stratégie principale du gouvernement, basée sur les promesses électorales, devrait consister à ancrer la politique étrangère sur les intérêts économiques et à lever les sanctions contre le pays. Cela signifie que l'appareil diplomatique doit déployer tous ses efforts pour réduire les risques de politique étrangère et obtenir la levée des sanctions, afin de préserver la stabilité économique du pays et de ne pas bloquer les voies d'accès aux investissements et au commerce international. La sécurité nationale durable découle directement d'une économie résiliente et active. Par conséquent, l'Iran doit, grâce à une coopération et une participation constructive avec les autres pays musulmans sur la question palestinienne et d'autres enjeux régionaux, se transformer en un partenaire fiable pour ses voisins. Ainsi, tout en préservant ses principes, il pourra renforcer son pouvoir de négociation dans les équations régionales et mondiales en réduisant l'impact des sanctions et de l'isolement.
*Enfin, il faut dire que bien que le plan de paix de Trump pour Gaza comporte de nombreux risques et défis pour l'Iran et la région, il offre également une opportunité pour que l'Iran place sa politique étrangère sur la voie du pragmatisme et du réalisme. À un moment où les États-Unis et le régime israélien cherchent à dessiner leurs propres plans pour la région du Moyen-Orient, la passivité et l'intransigeance n'aboutiront qu'à un isolement stratégique et une vulnérabilité accrue. La solution réside dans la construction d'un consensus interne, une diplomatie multilatérale avec les voisins et la priorité donnée au développement national ; une voie qui préserve les principes de l'Iran, mais réduit considérablement le coût pour atteindre ses objectifs.