Achoura

Achoura

Aussi orthographié : ʿāšūrā, câshûrâ’, câchûrâ’, ‘Ashura, ʿāšūrāʾ, ‘Ashura’, Ashura, ‘Ashûrâ’, ‘Âshûrâ’, ‘Ashoura.

Achoura vient de l’arabe ʿachara, « qui signifie dix » et renvoie au 10e jour de muharram, premier mois du calendrier musulman (année hégirienne).

Célébrée dans la totalité des sociétés musulmanes, elle différencie néanmoins les chiites des sunnites. Dans le monde chiite, Achoura marque la commémoration du massacre d’al Husayn (fils de ʿAli et petit-fils du Prophète Muhammad), de certains membres de sa famille et de ses partisans par le calife omayyade, Yazîd 1er, le 10 octobre 680 (qui correspond au 10 muharram de l’an 61 de l’hégire) à Kerbala près des bords de l’Euphrate en Iraq. Pour les sunnites, Achoura, qui est un jour de jeûne, se réfère quant à lui à la sortie d’Égypte des enfants d’Israël, se rattachant ainsi à la tradition juive.

Selon l’approche chiite ou sunnite, la spécificité d’Achoura tient au fait que ses pratiques oscillent entre deuil et joie. Pour les chiites, cet évènement majeur, jour de deuil, rappelle l’un des actes fondateurs du shiisme. Chez les sunnites, cette fête qui est considérée comme mineure au regard de ʿÎd al-Adha et ʿÎd al-Fitr, s’accompagne néanmoins de festivités généralement mises en scène par les enfants.

Achoura chez les chiites

Achoura trouve son origine dans des conflits, qui ont pour base la succession du Prophète et qui ont opposé Ali et sa famille aux Omeyyades (dynastie de califes arabes qui ont gouverné le monde musulman de 661 à 750). Ce sont des oppositions politiques qui ont d’abord mis en présence des hommes qui n’avaient pas la même appréciation quant à l’organisation de l’État islamique. La question de la succession départagea la Communauté musulmane entre les partisans des trois premiers califes et ceux dont le choix portait sur Ali, arguant que la continuation de l’œuvre du Prophète revenait de droit au membre le plus proche de sa famille. L’opposition originelle portait donc sur le choix des hommes. Elle comportera, au fil des années, des aspects juridico-religieux.

Le premier conflit que connaîtra le monde musulman, qu’on appelle par ailleurs Fitna ou « Grande discorde » est symbolisé par la bataille de Siffin qui a eu lieu en 657 sur l’Euphrate, dans laquelle s’affrontera ʿAli (600-661) cousin, gendre du prophète et quatrième calife de l’islam (656-661) à l’Omeyyade Muʿâwiya (602-680). Pour mettre fin aux hostilités le recours à un arbitrage fut le moyen pour les arrêter. Cet arbitrage avantagera Muʿâwiya et c’est à sa suite que sont issues les trois principales branches de l’islam : le sunnisme qui reconnaît le califat Omeyyade, le chiisme qui réunit les partisans de Ali et le kharijisme qui regroupe ceux qui n’ont pas reconnu l’idée de l’arbitrage.

À la suite de l’assassinat de Ali en 661, les chiites firent allégeance à ses fils Hassan puis à Hussayn. Ce dernier vivait à Médine et pour éviter de faire allégeance au pouvoir Omeyyade, il choisit de se réfugier à La Mecque qui était considérée comme un lieu d’asile inviolable. De là, il noua des contacts secrets avec l’opposition anti-omeyyade à Kufa (ville au sud de l’Iraq) à l’invitation de laquelle il se mit en route pour l’Iraq en septembre 680, une action que le calife omeyade Yazîd ibn Muʿâwiya interpréta comme une tentative de coup d’État. Ses troupes assassinèrent Hussayn à Kerbala le 10 octobre 680 (10 muharram 61).

Pratiques de deuil

Au fil des siècles, différents rituels se sont développés pour commémorer le martyre de Hussayn. Du deuxième au dixième jour de muharram, aussi bien dans les pays à majorité chiite (Iran), à dominante chiite (Iraq, Azerbaïdjan) mais encore dans les pays où vit cette minorité (Liban, Pakistan, Turquie, Ouzbékistan…) différentes manifestations sont mises en scène dans l’espace public pour rejouer le martyre d’Al Hussayn, des membres de sa famille lors du siège de Kerbala. Elles culminent le 10ième jour du mois.

Ce deuil se rattache à un espace originel, Kerbala où une pratique courante est la visite aux tombeaux de Hussayn et des autres martyrs. Les fidèles commencent souvent par se recueillir à l’endroit même où serait tombée la tête décapitée de Hussayn et où a été édifié un petit mausolée. Ils se dirigent ensuite vers son tombeau. Prières, pleurs, séances de déploration sont consacrées à la narration des différents épisodes de la mort de Hussayn.

Cette commémoration s’enrichit aussi d’une représentation théâtrale du drame, le tazieh en Iran et chez les arabes chiites, qui retrace l’épopée de la famille du Prophète (Ahl al-Bayt) et notamment le martyre de l'imam Hussein à Kerbala et l’exil de sa famille à Damas.

 

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