Il avait raflé, en 2001, le prix Nobel de la Paix pour ses « efforts en faveur d’un monde mieux organisé et plus pacifique. » Son bilan à la tête de l’ONU, qu’il a dirigé de 1997 à 2007, reste cependant plutôt maigre. C’était cela, Kofi Annan : un homme avec des valeurs dans une organisation sclérosée par les Etats-Unis. Il y a un peu plus de vingt ans, l’espoir était pourtant de mise : Kofi Annan fut le premier Sub-Saharien à devenir secrétaire général de l’organisation internationale. Le Ghanéen aura marqué le monde grâce à sa volonté de régler les conflits par la diplomatie. Avec, toujours dans la tête, une volonté de mettre l’humain au premier plan : « J’ai essayé de placer l’être humain au centre de tout ce que nous entreprenons: de la prévention des conflits au développement et aux droits de l’Homme », avait-il déclaré au moment de recevoir son prix Nobel.
Tensions entre Kofi Annan et Israël
Au final, Kofi Annan n’aura pas révolutionné l’ONU. Mais l’homme garde à son actif quelques décisions mémorables, comme lorsqu’il a rappelé aux Etats-Unis — à qui il devait pourtant son élection à la tête de l’institution — que l’intervention américaine en Irak, en 2003, était « illégale. » Cinq ans plus tôt, Annan s’était rendu en Irak pour tenter de régler avec diplomatie la crise USA-Irak. Il estimait, écrivait-il dans son autobiographie, que l’ONU doit servir « non seulement les Etats mais les peuples » et que l’organisation devait être « l’enceinte où les gouvernements rendent des comptes sur la façon dont ils traitent leurs propres citoyens. » Annan disait aussi vouloir faire comprendre aux dirigeants « la légitimité et la nécessité d’intervenir en cas de violation flagrante des droits de l’homme. »
Kofi Annan a également été très actif dans le conflit israélo-palestinien. En 2002, alors tout récent secrétaire général de l’ONU, il avait écrit au Premier ministre israélien Ariel Sharon pour lui demander de s’assurer que l’armée israélienne n’utilisait « que des armes et des méthodes qui minimisent le danger pour les vies et les propriétés des civils palestiniens. » L’Etat hébreu avait vu là une attitude « inappropriée et contraire à la conduite diplomatique la plus basique », et une « pression » sur Israël. Deux ans plus tard, Annan faisait l’intermédiaire entre Sharon et Arafat. Avant de confirmer, en 2005, le soutien international à un Etat palestinien. Le secrétaire général de l’ONU, lors d’une visite au Proche-Orient, avait déposé une gerbe sur la tombe de Yasser Arafat à Ramallah.
Du génocide au Rwanda au massacre des Rohingyas
Âgé de 80 ans, Kofi Annan est mort après avoir tenté d’apporter son sens de la diplomatie notamment en Syrie. Dans le cadre de sa fondation consacrée au développement durable et à la paix, membre du groupe The Elders, fondé par Nelson Mandela pour promouvoir la paix et les droits de l’homme, Kofi Annan avait en effet participé en 2012 à une mission de l’ONU en Syrie. Il avait finalement jeté l’éponge au bout de quelques mois. L’ancien secrétaire général de l’ONU savait en effet reconnaître ses échecs. En 1999, il avait fait, au nom de l’ONU, son mea-culpa pour le génocide du Rwanda et le massacre de Srebrenica. Plus récemment, Kofi Annan avait pris la tête d’une commission sur les droits des Rohingyas réprimés par l’armée birmane et par un autre ancien prix Nobel de la Paix, Aung San Suu Kyi.
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