« Je n’arrive pas à respirer » est une phrase apparemment simple qui s’est répété des millions de fois en 2020 avec un nouveau sens. À chaque répétition, cela nous rappelait des milliers de pages dans l'histoire de la discrimination raciale. Cette phrase faisait partie des derniers mots prononcés par George Floyd et Eric Garner avant leur mort alors qu'ils étaient sur le point d’être étranglés sous les bottes impitoyables de la police américaine. Aujourd'hui, il est devenu le symbole des derniers mots prononcés par des milliers d'individus victimes de discrimination raciale et qui cessent de respirer sous les bottes du gouvernement américain sans que leurs demandes et leurs revendications soient entendues par la communauté internationale. Les milliers de musulmans assassinés dans les guerres anti-arabes et anti-islamiques menées par les États-Unis et Israël, et les milliers d'Africains assassinés et réprimés par le régime d'apartheid sud-africain ne sont que quelques exemples de ces circonstances horribles.
Qu'est-ce que l’apartheid ?
En afrikaans, l'apartheid signifie « appartenance » et généralement le terme se réfère au racisme légal et à la ségrégation raciale dans l'histoire de l'Afrique du Sud. Cette culture tyrannique, basée sur le « baasskap » (suprématie blanche), avait longtemps placé la majorité des Noirs sous la domination politique, sociale et économique d'une minorité blanche. Et cela les avait soumis à une forme sauvage de privation.[1] Bien qu'elle ait eu une présence perpétuelle en Afrique du Sud, cette culture a été établie en tant que politique formelle et légale en 1948 et elle a survécu jusqu'en 1991. [2] Sur la base de cette politique sauvage, la communauté noire a dû vivre dans des zones défavorisées, avec des équipements limités et sans avoir le droit de quitter ces zones. Ils n'avaient même pas le droit de participer à des cérémonies nationales ou religieuses, et ils étaient privés de toutes commodités et ressources. [3] Entre 1960 et 1983, plus de 305 millions d'Africains ont perdu leur maison à la suite de la mise en œuvre des lois d'apartheid et ont été contraints de déménager dans ces zones spécifiques. [4]
Avec ces mesures, le système d'apartheid a progressivement provoqué la rage des militants en quête de justice et a conduit à l'émergence de mouvements influents au XXe siècle. Dans les années 60 et 70, la résistance à l'intérieur du pays contre l'apartheid a entraîné des répressions sanglantes de la part du régime et des milliers d'individus ont été tués ou emprisonnés. [5]
Nelson Mandela est la figure la plus célèbre de la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud. Il a été arrêté en août 1962 à la suite de ses activités contre l'apartheid. Il avait également été arrêté plusieurs fois auparavant. Après avoir été arrêté en 1962, il a été condamné à la réclusion à perpétuité et maintenu en prison jusqu'en 1990. Il a repris ses activités après avoir été libéré de prison, et finalement ses actions ont conduit à l'abolition formelle de l'apartheid et il est devenu plus tard président de ce pays. [6]
L'imam Khomeiny a été une source d'inspiration pour les mouvements anti-apartheid
Après avoir été libéré de prison et tout en étant occupé par ses activités politiques et sociales, Nelson Mandela a reconnu à plusieurs reprises que l'Imam Khomeiny avait été une source d'inspiration pour lui sur son chemin. Il considérait l'Imam Khomeiny comme une force d'éveil pour tous ses monothéistes contemporains. Il l'a décrit comme étant non seulement le Leader de la Révolution islamique, mais aussi le Leader de tous les mouvements de recherche de la liberté dans le monde entier. Au cours de sa présidence, Mandela s'est rendu deux fois en Iran et, lors des deux voyages, il a rencontré l'Imam Khamenei. Au cours de ces réunions, il a souligné que l'imam Khomeiny était une source d'inspiration pour le peuple sud-africain dans ses activités anti-apartheid. [7] Outre Nelson Mandela, de nombreuses autres personnalités intellectuelles et politiques impliquées dans la cause anti-apartheid considèrent l'imam Khomeiny comme une source d'inspiration pour leur lutte contre le racisme. Gerard Horn, professeur à l’Université de Houston au Texas, a déclaré que la Révolution islamique et les idées de l’Imam Khomeiny ont préparé le terrain pour la victoire du peuple sud-africain et d’autres pays d’Afrique du Sud dans leur lutte contre l’apartheid et ses partisans occidentaux. [8] Hanif Henderson, membre musulman du Parlement sud-africain, a déclaré dans une interview à l'ARN qu'ils n'avaient eu aucun espoir de remporter la victoire sur le régime de l'apartheid. Il poursuit en disant que c'est l'imam Khomeiny qui, après avoir vaincu le régime monarchique oppressif en Iran, a relancé l'idée de se battre et de gagner la liberté pour leur peuple [9].
« J’ai reçu dans cette pièce M. Mandela qui venait de sortir de prison, où vous êtes assis. Il était venu avant de devenir président. Nous nous sommes entretenus ici ensemble, et je lui ai expliqué l'histoire de l'Imam Khomeiny. Je lui ai parlé du combat de l’Imam. J’ai dit que le combat de l’Imam s’était fait sans tirs, sans armes à feu, sans coup d’État ou autres moyens, mais qu’il avait prouvé quelque chose au peuple et gagné les cœurs. Les gens affluaient dans les rues et exposaient leur corps. Aucun régime ne peut affronter et vaincre un peuple qui descend avec courage dans les rues et des gens qui exposent leur propre corps. J'ai réalisé qu'à un moment donné, mes mots l'avaient ému. Quand il est parti, des rassemblements de rue ont eu lieu en Afrique du Sud, et se sont poursuivis jusqu'au renversement du régime d'apartheid ». [10].
Mis à part ces citations et déclarations, intellectuellement et spirituellement parlant, quel aspect de l'Imam Khomeiny et de la Révolution islamique a été une source d'inspiration et d'espoir pour les militants et ces personnes qui luttaient contre le système raciste de l’apartheid ? La réponse à cette question peut se résumer dans les deux prémisses suivantes :
1. L'essence même de la cause de l'Imam Khomeiny en tant que mouvement de libération - qui a réussi à mettre à genoux le régime dictatorial d'Iran et à établir un gouvernement islamique en s'appuyant sur le pouvoir de la foi et en mobilisant les défavorisés en Iran - en est un exemple et une source d'inspiration et d'espoir pour toutes les personnes défavorisées du monde. Il a exporté le message de « Nous pouvons résister à l'oppression » dans le monde entier.
2. La position de l'imam concernant le régime sioniste usurpateur et le régime de l'apartheid en Afrique du Sud, lorsque les puissances occidentales soutenaient de tout cœur ces deux régimes, était une invitation directe à l’adresse des Palestiniens et des Noirs sud-africains à entamer un mouvement de résistance. Quelques mois avant la victoire de la Révolution islamique, l'imam avait annoncé que le futur gouvernement islamique n'aurait aucune limite dans l'interaction avec le monde et que la porte serait ouverte à des négociations avec tout le monde sauf avec le régime sioniste usurpateur et le Système raciste d'apartheid en Afrique du Sud, car aucun de ces deux n'était légitime. Il a également annoncé que le gouvernement islamique ne vendrait de pétrole à aucun de ces deux régimes. Ce changement d'attitude s'est produit après la Révolution. Le régime de l'apartheid obtenait plus de 90% de ses importations de pétrole brut d'Iran prérévolutionnaire [11], et la monarchie en Iran n'était pas disposée à imposer des sanctions à ce système raciste malgré l'existence d'une pression internationale pour qu'ils le fassent. Après la Révolution, les exportations de pétrole vers l'Afrique du Sud se sont arrêtées immédiatement. [12]
Pourquoi l'imam Khomeiny a-t-il adopté une politique de lutte contre l’apartheid ?
Dans le Saint Coran, Dieu a toujours basé tout sur la paix, [13] sauf là où la justice est violée. Dans de telles circonstances, l'établissement de la paix n'est possible qu'en instaurant la justice [14]. Dieu a envoyé des prophètes qui devaient appeler les gens à établir la justice où qu'ils soient. [15] De même, en tant que successeur du mouvement des prophètes, la Révolution islamique en a fait la base de toutes ses politiques nationales et internationales, et elle a fondé son mouvement sur la lutte contre l'Arrogance conformément à cette perspective. L’arrogance est quelque chose qui s’oppose à la nature des êtres humains et empêche l’administration de la justice monothéiste. Par conséquent, les systèmes monothéistes ne peuvent devenir bien établis que lorsqu'ils luttent contre l'arrogance et l'oppression.
Avec son mouvement antidictatorial et anti-arrogance, l'Imam Khomeiny a souligné dans l'ère moderne la dualité de l'Islam et de l'Arrogance [16] dans le but de clarifier la direction de la résistance pour tous les individus à la recherche de la vérité dans le monde. Peu importe si l’Arrogance porte le vêtement de la religion - comme dans le cas de Daech - ou celui de l'athéisme. Quelle que soit la région du monde où quelqu'un s'oppose à la nature humaine, cela contribue à élever le drapeau de l'oppression et du despotisme. Par conséquent, il est de la responsabilité des monothéistes de lutter contre cela.
Deux semaines après avoir capturé le Nid d’Espionnage [ancienne ambassade américaine à Téhéran], l'imam Khomeiny a ordonné la libération immédiate des femmes américaines et des Noirs accusés d'espionnage. En expliquant cette décision, l'imam Khomeiny a déclaré : « Parce que l'Islam donne des droits spéciaux aux femmes » et que « les Noirs ont longtemps vécu sous la pression et l'oppression des Américains, et ils ont peut-être été forcés de venir en Iran, donc du fait que ce n’est pas prouvé qu’ils se sont livrés à l’espionnage, accordez-leur une réduction de peine. »
Le monothéisme est l’âme de l’école de pensée de l’Imam Khomeiny sur la base de laquelle tous les êtres humains - qui sont dotés du pouvoir de la raison et de la nature humaine - naissent libres et sur un pied d’égalité les uns avec les autres. Après leur création, ils trouvent une valeur en accord avec leur servitude envers Dieu. Par conséquent, nul n’a le droit de transgresser les droits fondamentaux d’autrui. C’est le droit de chacun de vivre dans une société fondée sur la justice et de bénéficier de ses avantages.
Les premiers opposants et adversaires de l'administration de la justice sur terre sont les puissances arrogantes qui n'arrêteront pas d'oppresser et de violer la justice jusqu'à ce qu'elles dominent le monde entier et usurpent toutes ses ressources. [17] Pour atteindre leurs objectifs, ils enlèvent l'indépendance et la liberté des nations. C'est pourquoi, avec le slogan de l'indépendance et de la liberté, la République islamique présente son principal ennemi dans le monde comme les pillards de ces deux principes fondamentaux. Dans la vision du monde de l’Imam Khomeiny, les descriptions du gouvernement américain comme « le Grand Satan », Israël comme « tumeur cancéreuse » et le régime d’apartheid comme « illégitime » sont basées sur la logique de confrontation à de telles politiques et attitudes. Le régime de l'apartheid et les sionistes ont manifesté les formes les plus sauvages de discrimination raciale en stimulant les sentiments racistes contre les Noirs et en suscitant des attitudes anti-arabes en Asie de l’ouest. Ils ont commis de nombreux crimes conformément à cette politique.
L'apartheid est toujours vivant
Les politiques d'apartheid ont été officiellement abrogées en Afrique du Sud, mais la mentalité d'apartheid et diverses autres formes de discrimination raciale se développent encore dans le monde. Israël et les États-Unis sont les porte-drapeaux de cette grave injustice. Israël a persisté dans sa politique anti-arabe et a opprimé la nation palestinienne à un tel point que pour la première fois le 15 mars 2017, les Nations Unies ont accusé Israël d'avoir établi un système d'apartheid contre les Palestiniens. [18] Au cours de toutes ces années, les États-Unis se sont avérés être un fervent partisan de ces crimes. Récemment, en concevant un plan connu sous le nom de « l’accord du siècle », les États-Unis ont aidé ces crimes à atteindre leur apogée. La violence cachée dans ce plan est si énorme que 50 anciens politiciens européens - y compris des personnes comme Zigmar Gabriel, l'ancien ministre allemand des Affaires étrangères, Xavier Solan, ancien secrétaire général de l’OTAN, et aussi Jean Claud Juncker, l'ancien président de la Commission européenne - ont décrit ce plan dans une lettre comme rappelant les anciennes politiques d'apartheid en Afrique du Sud. [19]
Bien entendu, les politiques américaines d'apartheid ne se limitent pas à ce type de soutien. L'histoire de George Floyd n'est qu'un exemple des politiques inhumaines américaines, à la fois au Moyen-Orient et contre ses citoyens noirs, [20] qui ne sont devenues plus évidentes qu'avec l'émergence de Trump. Pendant longtemps, le taux de chômage des Américains noirs aux États-Unis a été deux fois plus élevé que celui des Américains blancs. [21] Les étudiants noirs sont trois fois plus susceptibles d'être suspendus ou expulsés que les étudiants blancs. Et, 67 pour cent des médecins discriminent les Noirs américains. [22] Cette affaire, considérée médicalement comme un crime, s'est clairement manifestée lors de la crise de Corona. Bien que le pourcentage de Noirs dans le pays soit bien inférieur à celui des Blancs, leur taux de mortalité dû à cette maladie est beaucoup plus élevé. Selon le New York Times, moins d'installations médicales sont disponibles pour les Noirs américains. Ce sont tous des gens comme George Floyd dont la gorge est serrée sous les bottes du gouvernement américain depuis des années.
L'apartheid continue de sévir avec la même force mais sous une forme différente, ce qui alourdit le fardeau de ceux qui souhaitent lutter contre les types d'injustice de l'apartheid. Sans aucun doute, la puissante résistance de l'Imam Khomeiny contre l'oppression peut toujours servir de facteur de motivation sur cette voie.
Notes :
[1] De la politique passée à la politique future : une analyse intégrée des paradigmes actuels et émergents / From Politics Past to Politics Future : An Integrated Analysis of Current and Emergent Paradigms. Mayne, Alan, p. 52, Westport, Connecticut: Praeger (1999).
[2] Afrique du Sud : la lutte pour un nouvel ordre / South Africa: The Struggle for a New Order, Ottoway, Marina, Washington: Brookings Institution Press (1993), p. 23-26.
[3] Cas difficiles dans des systèmes juridiques déviants : le droit sud-africain dans la perspective de la philosophie juridique / Hard Cases in Wicked Legal Systems: South African Law in the Perspective of Legal Philosophy, Dyzenhaus, David, Oxford: Presse d'université d'Oxford (1991), p. 35-36.
[4] Afrique du Sud - Surmonter l'apartheid / International Terrorism and the Contemporary World, Centre d'études africaines de l'Université de l'État du Michigan. Récupéré le 26 décembre 2013.
[5] Terrorisme international et monde contemporain, Pandey, Satish Chandra, New Delhi: Sarup & Sons, Publishers (2006), pp. 197-199.
[6] L'Afrique du Sud met fin aux classifications raciales / South Africa ends racial classifications, Myre, Greg, Associated Press. Cape Girardeau: sud-est du Missourien (18 juin 1991). Récupéré le 1er mars 2018.
[7] http://en.imam-Khomeiny.ir/en/n6835/News/Imam_Khomeiny_Great_Leader_of_all_Times_Nelson_Mandela
[8] https://theiranproject.com/blog/2018/02/11/intl-figures-hail-irans-1979-islamic-revolution/
[9] https://en.rasanews.ir/en/news/447730/south-african-anti-apartheid-movement-was-inspired-by-imam-Khomeiny
[10] https://french.khamenei.ir/news/11328
[11] L'Afrique du Sud et l'Iran à l'époque de l'apartheid / South Africa and Iran in the Apartheid Era, Chehabi, H.e., vol. 42, pages 687-709, no. 4, Journal of Southern African Studies (2016). doi: 10.1080 / 03057070.2016.1201330.
[12] L'huile et la gloire : la poursuite de l'empire et de la fortune sur la mer Caspienne / The Oil and the Glory: The Pursuit of Empire and Fortune on the Caspian Sea, LeVine, Steve, Random House (2007).
[13] Coran, 8:61.
[14] Coran, 49: 9.
[15] Coran, 57:57.
[16] https://french.khamenei.ir/news/11439
[17] Sahifah de l’Imam, vol. 18, p. 30.
[18] www.middleeastmonitor.com/wp-content/uploads/downloads/201703_UN_ESCWA-israeli-practices-palestinian-people-apartheid-occupation-english.pdf
[19] www.theguardian.com/world/2020/feb/27/grave-concern-about-us-plan-to-resolve-israel-palestine-conflict
[20] https://french.khamenei.ir/news/12297
[21] https://www.benjerry.com/home/whats-new/2016/systemic-racism-is-real
[22] https://thinkprogress.org/health/2014/02/03/3239101/racism-public-health-issue/
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