Montée de l’islamophobie en France sous couvert de lutte contre l’antisémitisme

Montée de l’islamophobie en France sous couvert de lutte contre l’antisémitisme

Sous couvert de la lutte conte l’antisémitisme, les attaques islamophobes en France se multiplient.

Dorothée Moureaux, élue du parti Les Républicains (LR) à la mairie de Moissy-Cramayel a déclaré mardi 19 février, sur son compte Twitter, vouloir « mettre au pas les musulmans, qui sont les premiers qui insultent les juifs ».
 
La conseillère municipale et directrice d’école s’est attaquée aux musulmans de France, en les désignant comme à l’origine des actes antisémites. « La personne qui a insulté Alain Finkielkraut n’est ni chrétienne, ni bouddhiste, ni juive, ni athée. […] Il est temps de mettre au pas les musulmans, qui sont les premiers qui insultent les juifs », a-t-elle écrit dans un message sur son compte Twitter, avant de le supprimer. Mais Dorothée Moureaux persiste à dire qu’elle « assume ses propos ».
 
Dans la foulée d’un débat déchaîné sur la pénalisation de l’antisémitisme et la protection des minorités religieuses en France, cette élue de droite s’est attaquée à la communauté musulmane de l’hexagone. Ce message, perçu par plusieurs commentateurs comme un appel explicite à la stigmatisation et à la haine contre une large composante de la société, est, comme souvent, passé presque inaperçu dans la presse française.
 
Pourtant, plusieurs organisations de l’islam de France sont montées au créneau pour dénoncer la recrudescence des propos et actes islamophobes sans que cela ne suscite la moindre réaction ferme de la part des autorités ou des médias.
 
L’islamophobie pour contrer l’antisémitisme ?
Le président de l’observatoire contre l’islamophobie, Abdallah Zekri, a condamné, dans un communiqué rendu public mercredi 20 février, les propos « haineux » de cette élue « dont certains des dirigeants passent leur temps sur les plateaux de TV à stigmatiser les musulmans par des déclarations de ce type, met en danger le vivre ensemble au lieu de pratiquer une politique d’apaisement ».
 
Il rappelle que « le mardi 19 février, tous les responsables musulmans à travers la France ont participé à la marche pour dénoncer l’antisémitisme, le racisme et la haine de l’autre », et précise que « la profanation des tombes juives en Alsace n’est pas l’œuvre de musulmans, mais de nazillons d’extrême-droite et des identitaires ».
 
Abdallah Zekri a mis en garde contre une interversion de la lutte contre l’antisémitisme vers une banalisation de l’islamophobie.
 
Les médias français pointés du doigt
Abdallah Zekri, qui est également secrétaire général du Conseil français du culte musulman (CFCM), déplore les dérives de certains médias français qui, selon lui, « donnent, en boucle, la parole à des hommes politiques dont la haine à l’égard de l’islam et des musulmans est connue, sans inviter des responsables musulmans pour leur apporter la contradiction ».
 
« À comparer avec le déchaînement médiatique qui a suivi l’affaire des propos antisémites d’un manifestant contre l’académicien français de confession juive Alain Finkielkraut, la réaction timide qu’a suscité l’appel à la haine d’une élue locale, révèle la politique des deux poids deux mesures pratiquée par les médias français dans le traitement de ce genre d’information », explique un observateur qui fait remarquer que « par exemple, Benjamin W, l’auteur des insultes contre Alain Finkielkraut vient d’être présenté par les médias français, comme un ressortissant d’origine algérienne. Alors qu’il porte un nom français, né et vécu en France sans la moindre relation avec le pays d’origine de son père, l’Algérie ».
 
Des représentants des associations de musulmans de France expriment alors leur inquiétude quant à l’accroissement, mais surtout à la banalisation des actes islamophobes qui ciblent la communauté musulmane de France.
Iqna

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