C’était le soir du 5 novembre 1978 qu’on a informé l’Imam Khomeiny depuis Téhéran que Shah avait invité les responsables militaires et quelques hommes politiques au palace Niyavaran, afin de se concerter avec eux. Apparemment, les chefs du Front national et du Mouvement de libération ont également été conviés à cette réunion par Moghaddam, le chef de la sécurité. Cependant, ceux-ci ont rejeté l’invitation. Après cette assise où ils ont discuté apparemment sur la manière de gérer la crise, Shah a décidé d’annoncer sa décision de faire recoure à la violence et de mettre en place un gouvernement militaire. Bien que le rapport officiel de cette réunion n’a pas été publié, Shah dans l’après-midi de ce même jour, a fait venir les ambassadeurs américains et de la Grande-Bretagne, Sullivan et Anthony Perkins, au palais et il leur a exposé ses intentions. Stample a écrit dans son livre que ces deux autorités diplomatiques avaient approuvé son point de vue.
Au lendemain de cette réunion, lors de la présentation dans un message télévisé du général Azhari, qui était jusque-là le chef de l’état-major interarmées, comme Premier ministre, il a admis que des fautes étaient commises et a promis de prendre des mesures pour les corriger. Il a demandé à la population iranienne de réfléchir main dans la main au futur de l’Iran. Dans ce même message, il a dit nettement à la nation : « j’ai entendu le cri de votre révolution ». Il a déclaré :
« Il y a deux ans, alors que le climat des réformes régnait sur l’Iran, vous vous êtes soulevés contre l’injustice, la corruption et la sédition. La révolution de la nation iranienne, ne peut pas ne pas avoir mon soutien en tant que roi et en tant qu’iranien… La vague massive de grève, qui était en grande partie justifiée, a provoqué la paralysie de l’économie du pays et de la vie quotidienne de la population… Nous avons déployé tous nos efforts afin de mettre sur pied un gouvernement de coalition, de droit et de paix. Et comme il est clair maintenant qu’il est impossible de former un tel gouvernement, nous devons faire recours à un gouvernement provisoire et intérimaire… Une fois encore je voue ma fidélité à la nation iranienne et promets de na pas permettre que les erreurs et les illégalités du passées, les injustices et les corruptions se répéteront… J’ai entendu votre message révolutionnaire, nation iranienne. Je suis le garant de la monarchie constitutionnelle, une monarchie qui est le don divin et un don que la population a bien voulu confié au Shah. »
Shah, dans ce message, a reconnu ouvertement l’échec de ses efforts et du soi-disant gouvernement de réconciliation nationale de Sharif Imami à persuader et à convaincre les opposants à participer au programme du gouvernement et à accepter des postes responsabilités.
À l’époque, il a été dit que ce message aurait été rédigé par le Dr Said Hussein Nasr, le chef de la fondation de philosophie appartenant à Farah Pahlavi et que c’était ce dernier qui avait recommandé à Farah de convaincre le Shah de le lire. Shah lui-même a avoué cela à son fils, Reza, lorsque celui-ci l’avait demandé pourquoi il avait tenu un tel discours à la population. Et Shah lui a répondu « c’était ta mère qui m’a obligé de le lire ».
Après que le texte du message de Shah a était remis à l’Imam Khomeiny (paix à son âme) et qu’il a été informé de la formation du gouvernement d’Azhari, il a réuni ses compagnons et a recueilli leurs points de vue. Et après leur avoir écouté, il a répété froidement cette phrase qu’il avait l’habitude de répéter : « Shah doit partir », puis il a ajouté : « En toute vraisemblance, ceci ne sera pas sa dernière malice. Cependant, il faudrait résister avec force et puissance face à ce gouvernement. Si les messieurs agissent conformément et ne se montrent pas d’hésitations et de faiblesses dans les déclarations et les entretiens, ce gouvernement ne fera que quelques jours ».
Il a aussi dit,
« Le changement des gouvernements ne produira aucun effet sur le mouvement de la population iranienne. Les gouvernements, soit militaires ou pas, ne peuvent pas résoudre le problème. C’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas stopper le mouvement du peuple. Les propos du Shah ne sont plus valides auprès de la nation. Ce qu’il vient de dire et vient de promettre, il l’avait dit et promis également au début de son règne. Il avait promis et n’avait pas tenu à sa promesse. Maintenant, ces promesses ne produiront plus d’effet. Pour éviter de trop se gêner, il doit partir afin que la nation décide elle-même du sort du pays » (Sahifeh-ye Imam, vol. 4, p. 331).
Extrait du livre « Les souvenirs sociaux-politiques du Dr. Sadiq Taba’Taba’i, vol. 3, p. 58 – 59 et 66 – 67, 3ième édition (2013), publié par Orouj.