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L'Aïd al-Fitr représente l'une des deux célébrations majeures de la tradition islamique, magnifiée par de nombreux hadiths et récits. À l'aube du mois de Shawwal, après avoir traversé les rigueurs spirituelles du Ramadan, les croyants s'apprêtent à recevoir la divine rétribution que le Seigneur Miséricordieux leur a lui-même annoncée.
Dans la vision lumineuse de l'Imam Khomeini (paix sur lui), l'Aïd al-Fitr transcende la simple rupture du jeûne pour incarner une véritable célébration de l'hospitalité céleste, un banquet divin et une communion spirituelle. Cette fête consacre le triomphe de l'esprit sur les passions charnelles et les tentations sataniques, couronnant l'observance fidèle des prescriptions divines. L'Imam enseigne avec profondeur : "La noble fête d'al-Fitr symbolise l'hospitalité divine, tandis que la noble fête d'al-Adha révèle la rencontre avec Dieu. Ainsi, cette hospitalité divine constitue le prélude essentiel à la rencontre sublime avec le Créateur." (Sahifeh Imam, vol. 18, p. 118)
L'Imam nous dévoile comment, par la grâce de cette hospitalité divine vécue durant le Ramadan, le jour de l'Aïd al-Fitr devient source d'unité et de cohésion sociale. Par le rassemblement communautaire pour la prière solennelle et l'écoute attentive des sermons, les croyants découvrent le chemin de la dignité et de la résistance face aux forces oppressives, s'affranchissant des désirs égoïstes et des influences maléfiques. L'Imam proclame avec sagesse : "L'Aïd al-Fitr est ce jour sacré que Dieu, dans Sa toute-puissance, a institué comme célébration pour les musulmans, afin que par leur communion dans la prière et les exhortations adaptées à leur époque, ils puissent discerner leur voie au sein de l'Islam et face à ses adversaires impitoyables." (Sahifeh Imam, vol. 3, p. 170)
L'Imam Khomeini (paix sur lui) évoque avec une particulière émotion la prière grandiose de l'Aïd al-Fitr de l'année 1978, dirigée par le martyr Ayatollah Dr. Mofateh (que Dieu l'enveloppe de Sa miséricorde). Cette manifestation spirituelle, à laquelle participèrent des millions de fidèles, ébranla les fondements du régime despotique du Shah et précipita la chute de l'oppression qui accablait le peuple iranien. L'Imam témoigne avec éloquence : "L'Aïd al-Fitr de cette année incarna l'épopée et l'élan croissant de toutes les composantes de la nation iranienne. Cette journée mémorable démontra au monde la maturité intellectuelle et l'engagement concret du peuple, réduisant à néant la propagande effrénée des opposants au mouvement révolutionnaire. Elle manifesta l'unité indéfectible de toutes les factions et proclama, avec une limpidité absolue, l'aspiration unanime du peuple : le départ du Shah et l'éradication de l'injustice et de l'exploitation qui affligeaient les musulmans d'Iran. Après avoir accompli la prière de l'Aïd, le peuple musulman iranien s'engagea dans un autre acte d'adoration d'une valeur inestimable – élever des protestations retentissantes contre le régime oppressif et prédateur, afin d'instaurer le gouvernement équitable de l'Islam. S'investir dans cette noble cause constitue l'une des plus éminentes formes d'adoration." (Sahifeh Imam, vol. 3, p. 454)
Contemplons l'Imam Khomeini (paix sur lui), incarnation parfaite du savant pratiquant et du mystique accompli, qui nous dévoile avec éloquence les mystères de l'hospitalité divine, le cheminement ardu de la purification de l'âme et l'avènement véritable de l'Aïd al-Fitr. Il nous propose des critères précis pour évaluer notre parcours spirituel, nous invitant à une introspection sincère, dépouillée de tout préjugé personnel, pour déterminer si nous avons réellement atteint l'essence de cette fête et si nous pouvons légitimement nous considérer victorieux dans notre combat intérieur.
Le premier critère nous amène à questionner notre engagement : avons-nous authentiquement pénétré l'hospitalité divine et honoré, avec la révérence nécessaire, les conditions de cette invitation sacrée ?
Le deuxième critère concerne le renoncement aux désirs manifestes, englobant l'ensemble des péchés et transgressions commis par notre corps et nos sens.
Le troisième critère, plus exigeant encore, touche à l'abandon des désirs intérieurs, ces obstacles redoutables qui entravent notre libération du "moi" et notre progression vers la "liberté spirituelle" et la "proximité divine". Ces désirs prennent diverses formes : égocentrisme, soif de pouvoir, quête de domination, et tous ces traits intérieurs générateurs de discorde, de duplicité, d'hypocrisie, d'autoritarisme, de vanité et d'orgueil...
L'enseignement profond de l'Imam Khomeini (paix sur lui) nous révèle l'essence même de l'hospitalité divine. Il définit cette invitation sacrée comme un exercice de renoncement total : abandon des désirs physiques comme la nourriture et la boisson, mais aussi et surtout des passions intérieures qui nous enchaînent.
Cette hospitalité divine nous invite à nous dépouiller de nos attachements les plus tenaces : nos égoïsmes, nos "moi" dominateurs, nos vanités. L'Imam nous engage à une introspection sincère : avons-nous véritablement franchi le seuil de cette demeure spirituelle ? Nous a-t-on permis d'y entrer ? Avons-nous su tirer profit de cette invitation divine ?
Il établit un lien puissant entre cette expérience du renoncement et la célébration authentique de l'Aïd al-Fitr. Selon lui, la fête n'appartient qu'à celui qui a trouvé sa voie dans cette hospitalité et en a récolté les fruits spirituels. L'Imam souligne que nous devons nous prémunir tant contre les désirs apparents que contre les désirs intérieurs, ces derniers constituant l'obstacle majeur à notre élévation spirituelle.
Sa vision établit une connexion directe entre les maux du monde et notre refus collectif d'entrer pleinement dans cette hospitalité divine. Tous les conflits, les guerres et les troubles qui agitent l'humanité témoignent de notre incapacité à accepter véritablement cette invitation au détachement. Si la discorde règne parmi nous, c'est le signe que nous n'avons pas saisi l'essence du mois de Ramadan.
L'Imam conclut par une exhortation poignante : le mois de Ramadan s'est présenté à nous, mais trop souvent, nous l'avons repoussé, nous avons refusé son message de purification et de renoncement.
D'après ces propos tenus lors d'une réunion avec les responsables du système islamique le jour de l'Aïd al-Fitr 1408 de l'Hégire (27/2/1367 selon le calendrier iranien), il semble que l'Imam Khomeini abordait le sujet de l'hospitalité divine et du passage par les difficiles cols du djihad et de la lutte contre les obstacles à la croissance et à la perfection pour atteindre "la fête de la victoire sur l'âme" avec une approche globale et étendue. Cette approche globale comporte deux aspects:
Le premier aspect concerne "l'hospitalité divine", dont il croyait que tous, y compris les détenteurs du pouvoir et des positions dans les systèmes politiques et gouvernementaux, devaient y entrer et en bénéficier pour se placer sur la voie du succès et du salut. Dieu Tout-Puissant, sur le même fondement qu'il a établi l'Islam comme religion universelle dotée de lois complètes et libératrices dans les dimensions sociales, économiques, scientifiques, politiques, morales, éducatives et gouvernementales, a également établi son lieu d'hospitalité avec des dimensions vastes, accueillant différents invités à divers niveaux, où l'on trouve sur ses tables étendues d'abondantes nourritures spirituelles. Et le stade de "l'abandon des égoïsmes et de la libération des contraintes et des chaînes de la captivité", proportionnel à cette présence au niveau global, possède une valeur et des effets immenses.
Le second aspect concerne "les désirs de l'âme" qui, dans cette approche globale, dépassent les affaires individuelles et les désirs et passions limités, pour exercer un rôle destructeur dans l'étendue des systèmes gouvernementaux du monde et dans les domaines des diverses gestions des détenteurs du pouvoir et de l'autorité.
Les réflexions de l'Imam Khomeini lors de cette réunion avec les responsables du système islamique pour l'Aïd al-Fitr 1408 (27/2/1367 dans le calendrier iranien) révèlent effectivement une conception profondément holistique de l'hospitalité divine et du combat spirituel.
Cette vision globale s'articule autour de deux dimensions essentielles :
D'une part, "l'hospitalité divine" apparaît comme un espace universel où tous sont conviés, particulièrement ceux qui détiennent des positions d'autorité dans les systèmes politiques et gouvernementaux. L'Imam établit un parallèle éloquent entre l'universalité de l'Islam - religion aux lois complètes couvrant toutes les dimensions de l'existence humaine (sociale, économique, politique, morale et spirituelle) - et la nature englobante de l'hospitalité divine. Cette dernière se présente comme un vaste banquet spirituel capable d'accueillir des invités de tous horizons et de tous niveaux de conscience. Dans cette perspective, le renoncement aux égoïsmes et la libération des chaînes de la captivité intérieure prennent une dimension collective dont la valeur et les effets transcendent la simple expérience individuelle.
D'autre part, les "désirs de l'âme" sont présentés non simplement comme des entraves individuelles à la perfection spirituelle, mais comme des forces destructrices opérant à l'échelle des systèmes gouvernementaux mondiaux. L'Imam étend ainsi la notion de combat spirituel au-delà de la sphère personnelle pour l'appliquer aux mécanismes du pouvoir et de l'autorité. Les passions et les désirs ne sont plus seulement des obstacles à la réalisation spirituelle de l'individu, mais des facteurs de corruption et de dégradation dans la gouvernance mondiale.
Cette double lecture illustre la profondeur de la pensée de l'Imam Khomeini, qui unifie les dimensions mystique et politique dans une vision intégrale du cheminement humain vers la perfection.