Biographie de notre 10ème Imam Ali Al-Naqi Al-Hadi (p)

Biographie de notre 10ème Imam Ali Al-Naqi Al-Hadi (p)


Nom: Ali

Titre: an-Naqi (Le Pure) et al-Hadi (Le Guide)

Surnom: Abul Hassan

Père: Imam Muhammad at-Taqi (A)

Mère: Bibi Summana Khatoon (A)

Date de Naissance: 15 Zilhaj 212 A.H. à Madina

Imamat: de 220 A.H. à 254 A.H. (34 années)

Martyr: 3 Rajab 254 A.H.

Enterré : Samarra, Iraq.

La période de l'imamat de notre 10ème Imam (p) correspond à l'époque du déclin de l'empire abbasside.

Sous la menace des turques, la capitale de l'empire est transférée de Bagdad à Samarra. Il avait tout juste six ans lorsque son père, Imam Muhammad Taqi (p) mourut en martyr à Bagdad, empoisonné sur ordre de Mu'tasim Billah Abbasi. Imam (p) vécut à Médine durant les huit ans restant du règne de Mu'tasim et cinq ans du règne de Wathiq Billah. Lorsque Mutwakkil devint calife en 236 AH (847 AD), notre Imam (p) fût contraint à se rendre à Baghdad, la capitale abbasside.

 

Ce calife a été le plus cruel et le plus farouche ennemi des Ahlulbayt (p) : il tenta de détruire le mausolée de Imam Al Hussayn (p) en faisant dévier le cours de la rivière Euphrate. Mais les eaux de la rivière passèrent de chaque côté du sanctuaire épargnant le tombeau, malgré le fait que les terres environnantes se trouvaient à une altitude plus importante. Face à cet échec, il ordonna que toute la zone soit transformée en terre cultivable mais les chevaux refusèrent de faire passer les charrues au-dessus du tombeau : voyant cela il prit conscience de sa folie et laissa cette terre sacrée comme elle était mais toute sa vie,

 

Il prohiba le pèlerinage à Karbala. L'histoire raconte que les pèlerins se rendaient malgré tout sur la tombe de Sayyidush Shohada (p) au péril de leur vie : beaucoup trouvèrent la mort sur le chemin du sanctuaire mais rien n'entama pour autant l'enthousiasme et l'envie de faire la visite pieuse d’Imam Al Hussayn (p). 


Durant le règne de Mutawakkil, notre 10ème Imam (p) fut présenté au calife, amené depuis Médine à Baghdad. Yakubi écrit dans ses récits qu'une fois, les soldats trouvèrent notre Imam (p) en prière et ils l'emmenèrent dans cet état devant le calife. Mutawakkil s'adonnait à ses parties de beuverie et de jeux nocturnes et il demanda au saint homme (p) de se joindre à lui. Imam (p) déclina cette invitation répondant : « une liqueur semblable ne se mélangera jamais avec ma chair et mon sang ».

 

Le calife ivre demanda à l'Imam (p) de dire des poèmes. Ce dernier (p) répondit que ce n'était pas dans ses habitudes de s'adonner à ce genre d'activité. Devant l'insistance du Calife, l'Imam (p) récita les lignes suivantes (Ibn khalikan relata l'histoire mot pour mot). « Protégés par de vaillants guerriers ils passèrent la nuit au sommet de leurs montagnes mais ne les ont pas protégés. Abandonnant tous leurs pouvoirs et fastes, ils eurent à descendre de leurs forteresses dorées pour rejoindre leurs tombes. Quelle récompense épouvantable ! Leurs tombes les avaient à peine accueillis qu'une voie s'exclama : « où sont les trônes, les couronnes et les robes d'état ? Où sont à présent les visages des courtisanes, recouvertes par des voiles et cachées par des rideaux ? A tout cela, cette tombe est la réponse. Les vers festoient à présent sur ces visages. Ces hommes n'ont que trop bu et mangé mais désormais, ils sont dévorés par les vers en retour. » Beaucoup pleurèrent en écoutant ces mots. Le calife décida alors de mettre Imam (p) en résidence surveillée.

 
Mutawakkil va finalement mourir en 250 AH et son fils Muntazir va le succéder pour un règne de six mois. A sa mort Mustae'en monta sur le trône mais très vite, Mu'ta'z Billah va le succéder. Pendant ces périodes, notre Imam (p) sera tantôt à Médine, ou appelé par les califes à Samarra, où il passa ses derniers jours en résidence surveillée.



Le calife Mu'tazim était préoccupé par la guerre contre les byzantins et par les troubles générés par les abbassides à Baghdad. Il ne fût pas hostile à Imam (p) qui vaquait pacifiquement à ses responsabilités. A sa mort, son successeur Wathiq Billah traita relativement justement Imam (p). Mais lorsque son frère Mutawakkil ibn Mu'tazim accéda au califat, une période de persécution importante débuta contre Imam (p) et les membres de sa famille. Il surpassa ses prédécesseurs dans son animosité à l'encontre des Ahlulbayt (p).

 

A Médine, Imam (p) oeuvrait à transmettre son savoir et d'éduquer la population. Il attirait une foule importante des provinces où les partisans des Ahlulbayt (p) étaient forts, principalement depuis l'Irak, la Perse et l'Egypte. Durant les huit ans de califat de Mu'tazim puis celui de Wathik, rien ne laisse penser que Imam Ali Ibn Mohammad (p) ait pu subir des violences.

 

Masudi évoque un incident similaire que Ibn Khalikan a consigné dans sa description de notre Imam (p) : des informations secrètes furent transmises au calife prétendant que notre Imam (p) serait en possession d'armes, de livres et autres objets pour ses partisans, dissimulés dans sa maison. Ces informations fallacieuses l'amenèrent à penser que Imam (p) avaient des vues sur l'empire. Mutawakkil envoya sa garde turque pour prendre notre Imam (p) en flagrant délit à un moment où il pouvait s'y attendre le moins.

 

Ils le trouvèrent seul dans sa chambre, vêtu d’une haire, la tête recouverte d’un manteau de laine et le visage en direction de la Mecque. Il était en train de réciter des Versets du Coran parlant des promesses et des mises en garde d'Allah : il n’y avait que le sable et le gravas entre lui et le sol. Il fût emmené dans cet état, dans la nuit profonde.

 

Lorsque le calife demanda aux soldats si des armes avaient été trouvées, leur réponse négative mit le calife dans l'embarras face à cette méprise. Il laissa donc Imam (p) partir. Durant son Imamat, Imam Ali Al-Naqi (p) était devenu extrêmement connu à travers le monde islamique et ceux qui appréciaient l’enseignement des Ahlulbayt (p) restaient dans son giron.

 
Dans la quatrième année du règne de Mutawakkil le gouverneur, à Médine se mit à harceler notre Imam (p) : il envoya des rapports hostiles à Baghdad stipulant que Imam (p) était en train de rassembler un grand nombre de partisans qui pourraient présenter une menace. Conscient de cela, Imam (p) décida d'écrire au calife pour expliquer la haine du gouverneur à son égard.

 

Mutawakkil limogea le gouverneur de Médine en guise de geste politique mais en même temps, il envoya un régiment sous le commandement de Yahya Ibn Harthama pour demander à Imam (p) de quitter « temporairement » Médine pour aller s’installer à Baghdad. Cette invitation était ni plus ni moins que son bannissement de sa ville ancestrale. Mais refuser cette injonction était impossible à envisager et donc, notre Imam (p) dût se résoudre à partir de force.

 

Quitter cette ville sacrée fût un déchirement pour lui comme ce fût le cas pour ses illustres prédécesseurs : Imam al-Hussayn (p) en 60 AH, Imam Mussa ibn Ja'afar (p) en 170 AH, Imam Ali Al-Reza (p) en 200 AH et même son père Muhammad Taqi (p) en 220 AH. C’est un tourment vécu par tous nos Imams (p), un tourment devenu un héritage…La lettre respectueuse de Mutawakkil n’était qu’un artifice face au détachement militaire envoyé pour escorter Imam (p). Lorsqu’il fût informé de l'arrivée de notre Imam (p) à Samarra, au lieu de l’installer de manière décente en rapport avec son rang, Imam (p) fût contraint de se loger parmi les mendiants dans les bas quartiers de la ville.

 
Mutawakkil a ainsi tenté d'humilier notre Imam (p) mais le descendant du Prophète (pslf) trouva ainsi l’opportunité de prendre soin de ces pauvres et de ces déshérités : l'obtention d'une vie luxurieuse n'a jamais été la finalité de nos Ahlulbayt (p). Le calife confia à son secrétaire Razaqi la captivité notre Imam (p), l'empêchant d'avoir tout contact avec les autres.

 

Il fût constaté durant la captivité de notre Imam Musa ibn Ja'afar (p) que sa haute qualité morale avait adouci les cœurs des gardes cruels qui le surveillaient et il en fût de même avec Razaqi : impressionné par la grandeur de Imam Ali Al-naqi (p), il commença à s'assurer de son confort.

 

Cela n’échappa pas à Mutawakkil qui transféra Imam (p) à la prison de Sa'id, un homme cruel et dur qui sera le geôlier de l’Imam (p) durant douze ans. Aucune privation et aucune épreuve n’entama notre Imam (p) qui se consacrait au Ibadah, priant la nuit et jeûnant le jour. Même confiné entre quatre murs à Samarra, sa renommée se propagea à travers les provinces de l'Iraq.


Fadhl ibn Khaqan était un partisan des Ahlulbayt (p) qui avait réussi grâce à son intelligence et à son habilité, à se faire nommer au poste de ministre dans le cabinet de Mutawakkil. Sur ses conseils, le calife accepta de mettre fin à l’emprisonnement de notre Imam (p) et de le mettre plutôt en résidence surveillée. Le calife accepta et accorda une parcelle pour y bâtir une demeure. Sa'id gardait un œil sur les activités de l’Imam (p). Sa demeure fut souvent l'objet de perquisitions infructueuses.

 

Durant cette période, Imam (p) fit preuve d'une foi exemplaire, ignorant les biens de ce bas monde : malgré cette assignation, il n'a jamais protesté ou demandé de faveur au calife, menant une vie d'ascète comme durant ses années d'emprisonnement. Le tyran changea son comportement mais notre saint Imam (p) resta toujours le même. Malgré ces circonstances, il ne put vivre en paix : ceux qui suivaient ses enseignements ne pouvaient l'approcher afin de bénéficier du savoir véritable de l'Islam. Mutawakkil savait qu’il ne réussirait pas à briser Imam (p).

 

Il continua donc à persécuter les partisans de notre Guide (p). Un évènement va affliger Imam (p) : Ibn as-Sakkit de Baghdad, connu pour ses connaissances en grammaire et en lexicographie, était le précepteur des fils de Muwakkil. Un jour le calife l'interrogea : « est ce que mes deux fils sont plus respectables que Al-Hassan et Al-Hussayn ? », Ibn Sakkit, sincère partisan des Ahlulbayt (p) ne put se contenir et très simplement il répondit : « Ne parlons pas de Al-Hassan et Al-Hussayn (p), Qanbar, l'esclave de l'Imam Ali (p), était plus respectable que tes fils. ». Entendant ces mots, il ordonna que la langue de Ibn Sakkit fût coupée.

 

L'un des plus grands artistes de l'époque et ce véritable partisan de notre Imam (p) en mourut. Imam (p) en ressentit une profonde douleur. La cruauté de Mutawakkil créa un climat de haine à son égard et ses propres enfants commencèrent à nourrir ce sentiment. L’un d’eux, Al-Muntazir, décida, avec son esclave Al-Rumi, d’assassiner son père : la mort du tyran et le califat de Al-Munazir furent proclamés. Après sa prise de fonction, il révoqua les ordres injustes de son père.

 

Les zyarats du mausolée de Najaf et de Karbala furent à nouveau autorisés sans aucune restriction et les tombes firent l’objet de réparations de fortune. La conduite du calife à l’égard de l’Imam Ali Al-Naqi (p) fût équitable. Mais ce règne ne dura que six mois avant de mourir. Après lui, Musta’een ne fut pas hostile à Imam (p).



Imam Ali Al-Naqi (p) demeura à Samarra et ne retourna pas à Médine. Comme le régime n’interférait pas dans ses activités, il attira autour de lui un grand nombre d’étudiants avides du savoir des Ahlulbayt (p). Cette situation alarma Mu’taz à un tel point qu’il décida de mettre fin à la vie sacrée de notre Imam (p). Avec l’aide de quelques courtisans, il fit mettre du poison dans la nourriture de notre Imam (p). Il (p) mourut peu de temps après son ingestion.

La qualité morale de notre Imam (p) est typique de celle des membres de cette maison sacrée. Même emprisonné, en confinement ou en liberté, ces âmes sacrées ont toujours voué leur existence à l’adoration d’Allah et à la défense de cette religion. La vie de notre Imam (p) fût à l’image de ces qualités.

 

Durant son emprisonnement, il (p) avait fait creuser une tombe près de l’endroit où il avait l’habitude de prier. Certains des visiteurs en furent surpris et Imam (p) leur expliqua : « afin de ne pas oublier ma mort, j’ai placé cette tombe devant mes yeux ». Imam Ali Ibn Mohammad (p) succomba à Samarra et fut inhumé dans cette maison qui fût aussi sa prison…

 

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