Le feu Dr. Sadiq Tabataba’i, dans ses mémoires, mentionne l’état de la Maison Blanche ainsi que les évènements qui ont eu lieu le 22 Bahman 1357 (11 février 1979) en Iran. Ce qui suit est un extrait de ses souvenirs :
Le matin du 22 Bahman (11 février), alors que les chefs militaires se concertaient pour annoncer leur neutralité et impartialité de l’armée et disaient explicitement que l’armée n’était pas en mesure de faire quoi que ce soit, une réunion sous la présidence de Brzeziński se tenait dans la chambre de crise de la Maison Blanche, avec pour ordre du jour sauver l’armée et le régime royal.
Brzeziński, le conseiller à la sécurité nationale du président Carter, dans ses notes du dimanche 11 février (22 Bahman) a aussi fait référence à une réunion d’urgence qui a eu lieu à la Maison Blanche en vue d’examiner la situation de l’Iran. Il a écrit :
« La situation de l’Iran est au plus pire. Le gouvernement de Baktiar est en train de s’effondrer. Il ne fait plus l’ombre d’un doute que nous devons prendre une décision concluante malgré les informations incomplètes et insuffisantes que nous avons entre les mains.
Dans la réunion d’urgence à la Maison Blanche était présents, Warren Christopher et David Newsom du Département d’État ou du ministère des Affaires étrangères, Charles Duncan et le général Jones accompagnés par plusieurs responsables du Département de la défense et de l’état-major interarmées, M. Turner le chef de la CIA accompagné par Frank Carlucci, un éminent responsable du service et Garry Syk ainsi que le colonel Odom (plus tard général) du conseil de sécurité nationale.
Sur la table, nous avons eu trois solutions. La première consiste à demander aux chefs des forces armées de passer une entente avec Mehdi Bazargan, le premier ministre nommé par l’Ayatollah Khomeini pour remplacer Baktiar. La deuxième solution consiste à demander à l’armée de s’écarter du processus de transition et de rester en état d’alerte dans leurs casernes. La troisième solution consistait à demander aux forces armées d’agir s’ils sont en mesure de mener à bien un coup d’état et de contrôler la situation dans de telles conditions.
Notre réunion a été interrompue à 9 h 40 min avec un rapport venu de Téhéran indiquant l’arrestation du chef des armées de Téhéran, détenu à la résidence de l’Ayatollah Khomeini.
J’ai averti une fois encore que si l’armée rejoint l’Imam Khomeini, cela allait entraîner la chute complète de l’armée. J’ai ajouté qu’il est encore temps de penser en dernier recours à une solution militaire et en cas de réussite, notre position et influence dans la région allait être plus renforcée et consolidée.
Pour finir, à 10 h 10 min (heure de Washington, le soir à Téhéran), un rapport de presse nous est parvenu de Téhéran indiquant que la station radiotélévision a été envahie par les opposants à cause de l’évacuation des forces armées et des chars de l’armée de la station.
Une à deux minutes plus tard, les officiers de la communication nous ont informés que le contact a été perdu avec le centre du service de renseignement et que nous ne pouvons plus joindre le général Gast. »
L’étude des écrits et des notes de Brzeziński, qui en tant que le conseiller à la sécurité nationale du président de la République américaine, qui devrait avoir les informations les plus récentes et précises concernant la situation de l’Iran pendant ces instants critiques et sensibles, exprime le niveau de l’ignorance et de la confusion des autorités américaines concernant la situation de l’Iran. Pour finir, l’armée a annoncé son impartialité. Baktiar a disparu et il n’y avait plus de gouvernement à Téhéran que l’armée allait soutenir ou pas.
Source : Extrait des souvenirs sociopolitiques du Dr. Sadeq Tabataba’ï, vol. 3, p. 243 – 246, publié 1392 (2013-2014), par Maison d’edition d’Orouj.