Une conférence organisée par la Ligue islamique mondiale à Paris suscite des critiques

Une conférence organisée par la Ligue islamique mondiale à Paris suscite des critiques

La tenue mardi à Paris d'une "conférence internationale pour la paix et la solidarité", coorganisée par l'organisation saoudienne de la Ligue islamique mondiale (LIM), suscite des critiques, notamment au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM).

L'ex-ministre saoudien de la Justice Mohammed Al-Issa, secrétaire général de la LIM depuis 2016, et Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l'Islam de France (FIF), coorganisateurs, ont prévu de réunir mardi au Palais Brongniart plusieurs responsables religieux français.
 
La LIM est souvent considérée comme le bras diplomatique du royaume saoudien, financé par ses pétrodollars, instrument de diffusion du wahhabisme, version saoudienne et très puritaine de l'islam.
 
Sont notamment annoncés lors de l'évènement parisien le grand rabbin de France Haïm Korsia, le président de la Fédération protestante de France François Clavairoly, l'archevêque émérite de Lille Mgr Gérard Defois, l'imam de la mosquée de Bordeaux Tareq Oubrou ou encore le président de l'Assemblée des évêques orthodoxes de France Mgr Emmanuel.
 
En fin de journée doit être signé un "mémorandum de compréhension et d'amitié entre les trois religions monothéistes", avec engagements précis et clause de revoyure.
 
"Pour la première fois dans la Ville Lumière, va être proclamé haut et fort une condamnation sans équivoque du terrorisme islamiste, de l'obscurantisme, du salafisme", a affirmé à l'AFP Ghaleb Bencheikh.
 
L'Observatoire de lutte contre l'islamophobie, instance liée au Conseil français du culte musulman (CFCM) a fait part jeudi de son "étonnement", dans un communiqué. Son président Abdallah Zekri, délégué général du CFCM, y regrette une "marginalisation des instances officielles, représentatives du culte musulman" français.
 
Il dénonce aussi une organisation (la LIM, ndlr) qui incarne un islam "pas représentatif des musulmans de France et qui n'est (pas) compatible (...) avec les valeurs de la République". Et d'appeler "les responsables des autres cultes à ne pas cautionner, par leur présence, cette initiative".
 
Vendredi, le président par intérim du CFCM, Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris, est venu le soutenir, affirmant, dans un texte : "l'instrumentalisation du dialogue inter-religieux dans notre pays par des organisations étrangères est un fait assez grave pour le dénoncer".
 
Auprès de l'AFP, il a fustigé "l'organisation, les principes et les objectifs" de la LIM, se disant "surpris" que l'événement ait eu "l'autorisation" de se tenir "en plein Paris".
 
A la Fondation de l'Islam de France, M. Bencheikh répond: "Il y a deux positions: soit on dit que le passif de la LIM est lourd, et on ne fait rien, soit on dit + avec le nouveau secrétaire, il y a un changement de cap+, et on l'accompagne", a-t-il affirmé auprès de l'AFP.
 
De passage à Paris en novembre 2017 M. Al-Issa avait affiché son hostilité à "l'extrémisme idéologique", prônant un "message de modération".
 
La FIF, fondée par Jean-Pierre Chevènement en 2016, est une instance laïque, destinée, via des projets en matière profane, à mieux faire connaître religion et civilisation musulmanes.
 
Principal interlocuteur de l'Etat depuis 2003 pour l'organisation du culte musulman, le CFCM représente un peu moins de la moitié des mosquées de France.
 
Emmanuel Macron et Édouard Philippe, annoncés dans une première version du programme de la rencontre, ont démenti toute participation.

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