Trente-six ans après sa disparition, l'imam Khomeini continue d'inspirer bien au-delà des frontières iraniennes. À l'occasion de cet anniversaire, El Hadji Madé Fi Ndiayé, figure emblématique de la diplomatie guinéenne, livre un témoignage personnel sur l'héritage universel du fondateur de la République islamique d'Iran.
Un diplomate au parcours exceptionnel
El Hadji Madé Fi Ndiayé n'est pas un observateur ordinaire des relations internationales. Ancien ministre, ancien ambassadeur, ancien gouverneur de région et général des services de sécurité, il occupe aujourd'hui le poste de conseiller à la Présidence de la République guinéenne. Son parcours lui confère une perspective unique sur les grands enjeux géopolitiques contemporains.
"J'ai connu l'imam Khomeini sur les traces d'Ahmed Sékou Touré", confie-t-il, évoquant ainsi la médiation historique du premier président guinéen dans le conflit Iran-Irak. Cette proximité avec les événements de l'époque donne une profondeur particulière à son analyse.
Ahmed Sékou Touré, médiateur de paix
L'histoire méconnue de la diplomatie guinéenne révèle un épisode fascinant : Ahmed Sékou Touré fut désigné président du Comité islamique de paix, chargé de négocier la paix entre l'Iran et l'Irak après l'éclatement de la guerre concernant les trois îles conflictuelles. Cette mission s'inscrivait sous l'égide de l'Organisation de la coopération islamique, créée en 1981 à La Mecque sous le règne du roi Khaled Ibn Abdelaziz.
"C'est dans ce cadre que les Guinéens ont connu l'imam Khomeini", explique le diplomate, soulignant comment cette médiation a tissé des liens durables entre les deux nations.
Une idéologie de paix et de rassemblement
Pour El Hadji Madé Fi Ndiayé, l'essence de la pensée de l'imam Khomeini réside dans sa dimension universaliste. "L'idéologie de l'imam Khomeini, c'est une idéologie de paix, une idéologie de rassemblement, une idéologie qui résume les valeurs de l'islam", affirme-t-il.
Cette vision trouve sa validation dans l'événement majeur de 1979 : "La révolution islamique a été un enseignement majeur pour le monde musulman, car c'est la parole qui a vaincu les armes". Face à Mohammad Reza Pahlavi, qui représentait alors la quatrième puissance militaire mondiale et constituait "le véritable bouclier du monde occidental", l'imam Khomeini a démontré la force de la conviction face à la force brute.
L'inspiration spirituelle d'un ouvrage fondamental
Le témoignage personnel du diplomate guinéen révèle l'impact profond des écrits de l'imam Khomeini. "J'ai eu la chance de lire le livre qu'il a écrit en 1936, Les secrets de la prière", raconte-t-il avec émotion. Cet ouvrage a transformé sa compréhension spirituelle : "C'est à la lecture de ce livre que j'ai compris que le soujoud est le sommet le plus élevé de la soumission et le niveau duquel le musulman peut s'exprimer face à Allah, son créateur".
Une vision comparative des grands leaders mondiaux
L'analyse d'El Hadji Madé Fi Ndiayé se distingue par sa capacité à mettre en perspective l'héritage de l'imam Khomeini avec celui d'autres figures emblématiques de la libération. Il établit des parallèles saisissants avec Mahatma Gandhi, Nelson Mandela et Patrice Lumumba, tout en soulignant la spécificité de chacun.
"Mahatma Gandhi a aussi vaincu la colonisation britannique par la parole", note-t-il, rappelant que l'imam Khomeini a également exprimé cette philosophie de non-violence dans ses valeurs morales. Concernant Nelson Mandela, il salue sa capacité à prôner le pardon entre oppresseurs et opprimés, exigeant que "le peuple sud-africain, blanc ou noir, vive ensemble".
Pour Patrice Lumumba, "il est mort pour un idéal, la liberté pour son peuple. Khomeini aussi", mais avec une différence cruciale : "la victoire de cette révolution, ici en Iran, a couvert tout le monde occidental".
Un héritage universel
La force du témoignage d'El Hadji Madé Fi Ndiayé réside dans sa conviction profonde : "L'imam Khomeini n'appartient pas à l'Iran. L'imam Khomeini appartient au monde musulman, qu'il soit de l'Asie, qu'il soit de l'Afrique, qu'il soit du Moyen-Orient". Cette universalité distingue selon lui l'héritage de l'imam Khomeini de celui d'autres leaders, dont l'impact reste plus géographiquement circonscrit.
Une légitimité divine
Dans une perspective spirituelle, le diplomate guinéen invoque une dimension transcendante de l'action de l'imam Khomeini. Citant le Coran, il affirme : "L'imam Khomeini a pris le sens qu'Allah a ordonné et est resté dans ce sens. Il ne peut avoir que la bénédiction et non la malédiction d'Allah".
Un message de gratitude et de continuité
À l'occasion de ce 36e anniversaire, El Hadji Madé Fi Ndiayé transmet au nom du président guinéen, le général Mamady Doumbouya, et de tout le peuple de Guinée, "des sincères félicitations et remerciements, en encourageant de maintenir les valeurs morales de l'imam Khomeini au service de l'humanité tout entière, surtout particulièrement au service du monde musulman".
Conclusion : un héritage toujours vivant
Trente-six ans après sa disparition, l'imam Khomeini continue d'inspirer les dirigeants africains et de nourrir une vision du monde fondée sur la justice, la paix et la résistance à l'oppression. Le témoignage d'El Hadji Madé Fi Ndiayé illustre comment cet héritage transcende les frontières nationales pour devenir un patrimoine commun du monde musulman et un exemple pour l'humanité toute entière.
Cette perpétuation de la mémoire et des idéaux de l'imam Khomeini témoigne de la pertinence contemporaine d'un message qui, loin de s'estomper avec le temps, continue de résonner avec force dans un monde en quête de justice et de paix.