Ce sont les États-Unis, pas l'Iran qui ont recours à l'extorsion de fonds, déclare Zarif à Pompeo

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a déclaré que ce sont les États-Unis, pas l’Iran, qui se sont livrés à une tentative d’extorsion de fonds, car la décision prise par Téhéran de réduire ses engagements correspondait au titre des articles (26 et 36 du Plan global d’action commun sur le nucléaire (PGAC)).

ID: 60736 | Date: 2019/09/09
Dans un tweet  posté samedi en réaction aux verbiages anti-iraniens de son homologue américain, le très haut diplomate iranien, Mohammad Javad Zarif a rejeté les accusations  anti-iraniennes avancées  par Mike Pompeo qui a appelé le monde à « prendra des mesures décisives pour mettre fin à ce qu’il a nommé «  l'extorsion nucléaire « par l'Iran.


 « Extorsion » n’est pas par hasard «Offrir des pots-de-vin pour le vol de pétrole et sanctionner ceux qui les refusent?», s’interroge encore  Zarif.


Il faisait allusion à la récente décision du Représentant spécial des États-Unis pour les affaires iraniennes, Brian Hook, qui avait tenté de corrompre le capitaine d'un pétrolier iranien, Adrian Darya 1, afin de le piloter dans un pays permettant ainsi les États-Unis de le saisir.


« Il (extorsion) signifie peut-être affamer le peuple iranien pour qu’il se rend !? Quel est le sens exact d’extorsion ? Ces mesures là  ou les gestes coercitives et licites de l’Iran décidés dans le cadre du JCPOA ? se demande encore Zarif citant des allégations antérieures de Mike Pompeo selon laquelle si l'Iran« veut que son peuple mange », il doit écouter les États-Unis.


Les commentaires de Zarif interviennent après que Pompeo, un faucon à la tête de la diplomatie américaine, ait déclaré que les États-Unis étaient « confiants que le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne - en fait, toutes les nations civilisées - prendront des mesures décisives pour mettre fin à l'extorsion nucléaire de l'Iran ».


Il faisait référence à la décision de l’Iran d’entamer la troisième phase de réduction graduelle de ses engagements au titre du JCPOA en réaction au retrait unilatéral des États-Unis de Trump et à la réimposition des sanctions les plus dure de l’histoire pour reprendre le terme des autorités de la Maison-Blanche et à l’incapacité de l’Europe à respecter ses engagements liés à l’accord multilatéral de 2015.


L’Iran a souligné que les mesures sont réversibles au cas où l’Europe et d’autres parties garantiraient les intérêts de l’Iran dans le cadre de l’accord international.


Pour les analystes et les médias du monde entier la politique anti-iranienne persistante de la Maison-Blanche, menée au nom de la soi-disant approche « de pression maximale », était la principale raison de l’échec des efforts diplomatiques du Président français, Emmanuel Macron, pour sauver l’accord multilatéral nucléaire de 2015 et par conséquent la décision de son homologue iranien, Hassan Rohani, de passer à la troisième étape de réduction graduelle des engagements de Téhéran liés au Plan global d’action commun (PGAC).


Deux mois après la deuxième étape du plan de la réduction graduelle des obligations de l'Iran et à l’issu de la fin du deuxième délai de 60 jours, sans fruit, accordé par Téhéran à ses partenaires européens signataires du PGAC pour qu’ils remplissent leurs engagements tenus dans l’accord nucléaire, le président iranien Hassan Rohani ordonne le troisième pas de l’Iran dans son affranchissement des obligations liées au Pacte.  


Bien que les efforts diplomatiques de certains pays, notamment ceux de la France, se soient intensifiés au cours des dernières semaines, l’obstination de Donald Trump pour ses positions illogiques a douché tous les espoirs et fait échouer les efforts du Président français Emmanuel Macron qui devraient aboutir en faveur d’une initiative de la partie européenne du PGAC pour faciliter l'octroi d'une ligne de crédit à l'Iran.


Mercredi tard dans la soirée, le président iranien a annoncé le passage à la troisième étape de réduction des engagements nucléaires iraniens dès le vendredi 6 septembre. 


Dans une allocution télévisée le  4 septembre, le président iranien Hassan Rohani a déclaré que malgré les progrès réalisés dans les négociations entre l'Iran et les parties européennes sur le dossier nucléaire, « un accord définitif n'a pas encore été conclu ».


Par conséquent, il a donné l'ordre, comme prévu, à l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) de prendre toute mesure nécessaire en matière de recherche et de développement pour satisfaire les nécessités techniques du pays, et mettre de côté tous les engagements restrictifs à cette fin stipulés dans l'accord nucléaire ».


S’attardant sur le  fait que les départements de recherche de l'industrie nucléaire iraniens reprendraient leurs activités normales quelles que soient les restrictions imposées dans le cadre du PGAC, Hassan Rohani a déclaré que les activités de l’OIEA seront menées  toutes « sous la surveillance de l'Agence vienoise et dans un cadre pacifique et civil ».


Bien sûr, il s’agit d’un geste « réversible ». « Un autre délai de 60 jours s’ouvre à l’Europe, partenaire de Téhéran dans le PGAC. Dès que les Européens respectent leurs engagements liés à l’accord nucléaire, nous revenons également à nos engagements», a encore dit le Président Rohani.


Après avoir rompu unilatéralement avec l’accord nucléaire de 2015, Washington a eu recours à des sanctions et à des menaces pour mettre fin à ce qu’il a appelé toutes les exportations de pétrole iraniennes. Le président milliardaire américain Donald Trump a toutefois déclaré qu’il était prêt à négocier avec Téhéran sur un nouvel accord, après que sa politique anti-iranienne n’ait pas atteint son objectif.


La France dit que les efforts visant à sauver un accord nucléaire multilatéral de 2015 sur le programme nucléaire iranien reposent sur la disposition des États-Unis de dérogations aux sanctions qu’elle a unilatéralement réimposées à Téhéran. Le non américain à la demande de dérogation de la France sur les exportations pétrolières iraniennes a sonné le glas de la médiation française qui voulait diriger les efforts européens  pour remplir les engagements envers l’Iran liés au PGAC jamais tenus.