France : une église ouvre ses portes sur les musulmans

Chaque vendredi, tout au long du mois d’août, l’église Saint-Christophe-de-Javel, située à Paris dans le XVème arrondissement, a résonné d’invocations et de rappels vibrants plus islamiques que foncièrement catholiques, et ce, avec la bénédiction pleine et entière du curé…

ID: 49116 | Date: 2017/09/08
Il aura fallu qu’un important dégât des eaux, causé par de violents orages, inonde le lieu de culte musulman début juillet, pour mesurer la solidité des ponts créés entre chrétiens, musulmans et juifs dans ce quartier de la capitale, fruit d’un dialogue interreligieux, riche et pérenne, entamé il y a plus de treize ans.


Sans salle de prière pour se recueillir, les fidèles de la rue de la Convention se seraient retrouvés fort démunis si le prêtre de Saint-Christophe-de-Javel ne s’était pas empressé de les accueillir à bras ouverts pour accomplir la grande prière collective du vendredi, et si le rabbin de la synagogue ne leur avait pas proposé de les aider pour les travaux.


Face à l’inertie de Paris Habitat, le premier bailleur social de la ville de Paris, qui tarde à intervenir sur place pour leur restituer un lieu de culte digne de ce nom, au grand dam de Mohammed Benali, le président de la salle de prière cité par le Parisien, les fidèles risquent fort de se prosterner devant Allah, dans une autre enceinte sacrée que la leur, pendant plusieurs autres vendredis, sous le regard toujours aussi bienveillant du curé.


Le vent mauvais de l’intolérance, de la peur irrationnelle de l’altérité et de l’islamophobie qui balaye tout sur son passage, y compris l’esprit et la lettre de la loi de 1905, ne souffle pas sur ce quartier du XVème arrondissement qui en est extraordinairement préservé, pour la plus grande satisfaction de son maire LR, Philippe Goujon. Celui-ci fut d’ailleurs l’un des hôtes de marque, aux côtés du curé et du rabbin, de la célébration de l’Aïd el-Adha qui s’est déroulée dans un gymnase.


« Avec le rabbin et le curé, on est devenu une vraie famille. C’est vraiment magnifique ! », s’exclame avec enthousiasme Mohammed Benali qui apprécie, mieux que quiconque, ce petit miracle de la fraternité interreligieuse.